Au Honduras, à Santa Cruz de Sorogara, en un village de 94 familles réfugiées climatiques post ouragan Mitch, la prise en charge des petits entre 3 et 6 ans devenait impérative pour éviter l’approche d’un réseau recruteur malveillant trop fréquemment aperçu dans les alentours.
Notre 3e Maison du câlin en ce pays a donc été pensée et construite en 2014 avec les habitants.
Au regard du fonctionnement général de ce village communautaire socialement éprouvé, apparaissait clairement le manque d’une structure d’accueil de jour pour les petits ne pouvant bénéficier, ni de la crèche après 3 ans, ni de l’école obligatoire à l’âge de 6 ans. Trop souvent livrés à eux-mêmes sans possibilité de surveillance, les jeunes enfants atteignaient en effet l’âge des premiers recrutements par les Maras, ces gangs de trafiquants imposant leur loi sur l’ensemble de l’Amérique Centrale.
Par un dialogue permanent avec les habitants depuis la création de ce village dans les années 2000, nous évoquions alors la construction d’un lieu d’accueil éducatif et protecteur répondant aux besoins d’éducation des petits. Car sans repères basiques, sans réponse aux besoins essentiels, sans écoute et surveillance, un enfant vit sans défenses et suit sans interrogation l’adulte prometteur d’un avenir meilleur. Et en ce sous-continent à la pauvreté extrême, il est commun de rencontrer des enfants de 4 ans apprenant les us et coutumes du petit et du grand banditisme.
Si très jeunes ils sont ainsi lâchés dans la rue, c’est pour la majorité d’entre eux une obligation familiale. De pères absents recherchant du travail aux States d’où ils ne reviennent que rarement, de mères tenues de quitter quotidiennement le foyer pour trouver quelques subsistances, l’enfant se trouve isolé et livré à lui-même au fil de la journée. S’aventurant toujours plus loin de sa maison, il finit par n’y rentrer qu’épisodiquement ayant trouvé dans un groupe marginal la présence affective qu’il recherchait. C’est alors que les Maras agissent.